Sa toux chronique de gros fumeur le saisit. Les râles de glaire allèrent crescendo jusqu'à ce qu'un énorme mollard fut catapulté dans sa bouche. Il dut gonfler les joues, tandis que ses yeux scrutaient les environs à la recherche d'une cible. Il vit un cafard, et le challenge lui parut intéressant. Cet insecte est aussi rapide que dégueulasse. Il se concentra, visa, et tira. Son projectile fit mouche sur le cafard qui sembla pareil à un volatile pris dans une marée noire. Fier de sa précision de tir, il prit une cigarette et décida d'ôter le filtre. La fumée lui racla agréablement la gorge.
« -Tu devrais réduire un peu ta fréquence de cigarettes.
-Hmmm
-Ton fils vient toujours cet été ?
-Non il a annulé
-Mais et ta petite-fille ? Tu ne l'as pas encore vue ! C'est toi qui vas les rejoindre ?
-Non
-Mais enfin... pourquoi ?
-Parce que je peux difficilement rester une demi-heure sans m'en griller une. Je ne me vois pas des heures durant dans un espace clos où il est interdit de fumer. Toi de ton coté ?
-Mon fils ne vient pas non plus. De toutes façons sa femme ne supporte pas l'humidité du Liban, alors si en plus ça craint...
-Et lui qu'est-ce qu'il craint ? L'humidité de sa femme quand il est loin d'elle ?
-Eh ho c'est ma belle-fille tout de même...
-Et alors... Elle est née au Liban à ce que je sache, ses parents sont Libanais. Ils ont quitté le pays quand elle avait 10 ans... C'est du foutage de gueule grand format. Elle ne t'aime pas, voila tout. En plus t'es interdit de visa là-bas »
Il éclata de rire.
« Passe moi une cigarette et arrête tes conneries. Ou non, plutôt arrête tes conneries et passe moi une cigarette »
La rue était toujours aussi déserte, le soleil toujours aussi fort. Seul leur ennui était changeant, un des rares facteurs à connaître une croissance exceptionnelle ces jours-ci. A tel point qu'ils en arrivaient à envisager de travailler de nouveau. Pas pour l'argent qui, de toute façon, serait dérisoire, juste pour s'occuper un peu.
« -Mais qui va nous prendre? Des jeunes beaucoup plus robustes que nous ne trouvent rien à faire.
-De toute façon, moi si je monte deux étages à pied, je suis essoufflé...»
Il toussa, mais sans expectoration cette fois-ci. Dommage, il y avait une sauterelle à proximité, qu'est-ce qu'il aurait aimé l'abattre en plein saut.
Il ajusta machinalement son casque, bien que celui-ci fût parfaitement attaché. Les balles des francs-tireurs sifflaient toujours. Combien de temps ça durait ? Il ne savait plus, tout semblait brouillé. Il rampa très lentement vers la cage d’escalier, en prenant soin, autant que possible, de rester dans l’angle mort par rapport aux fenêtres. Il maudit au passage l’architecte qui avait décidé de ces ouvertures. Son matériel, pourtant lourd, lui paraissait tel une plume emmenée par le vent. Il vit au loin un de ses collègues de l’armée tomber en se tenant la jambe. Il devinait au frétillement du corps que ça devait être la rotule qui avait été atteinte. Son index se posa, tremblant, sur la gâchette de son M16. Il avait envie de commencer à tirer partout, à dégager cette rage qui l’enserrait comme un boa. Il se ravisa rapidement. D’un coté il ne pouvait se permettre de gaspiller des balles inutilement. De l’autre, il devait se tenir le plus discret possible jusqu’à ce qu’il fasse nuit pour pouvoir se tirer de ce piège.
Il était bloqué dans cette zone qui est rapidement passée de zone d’affrontement frontal à une sorte de no man’s land, désertée par les terrocons qui étaient soit morts soit en fuite, et par la suite désertée par l’armée parce que trop exposée aux francs-tireurs. Lui « nettoyait » l’immeuble-refuge avec deux compagnons d’infortune. Sur l’escalier menant au premier étage, l’un d’eux s’approcha du cadavre d’un chiot. « Il me rappelle la peluche préférée de mon fils ». Sa voix était joyeuse, bien que mélancolique. Il lui semblait que ça faisait des décennies qu’il n’avait plus eu l’occasion de percevoir de la joie dans son intonation. Cette perception sonore fut vite envahie par une détonation. Le chiot était piégé. Il hurla « NON » quand le deuxième soldat se précipita vers la victime, mais c’était trop tard là aussi, le franc-tireur ne le loupa pas. Et puis le terrible engrenage s’enclencha, les francs-tireurs qui s’en donnent à cœur-joie, le déluge de feu de l’artillerie de l’armée, lui bloqué entre deux feux… Et puis la transformation de facto de la zone en no man’s land.
Quel temps allait-il faire cette nuit ? Déjà que les terrocons ont des lunettes à vision nocturne… Il s’imagina en train de regarder la météo à la télé. C’était sa fiancée qui annonçait le temps de cette soirée. Elle avait mis sa robe blanc cassé. Sa bretelle gauche tomba, comme toujours, mais cette fois il n’eut pas envie de la réprimander. Elle la rajusta et annonça une nuit très nuageuse, particulièrement au Nord. Merci mon amour ! Il devait encore patienter au bas mot 5 heures. Il essaya de dormir, mais se ravisa rapidement. Le silence était trop pesant pour pouvoir s’endormir. Il se rappela quand il montait vers le front, les klaxons des automobilistes, les V de la victoire, les encouragements, les saluts militaires… Lui faisait plus attention aux soldats dans le camion de transport. Celui qui était blême, celui qui souriait, celui qui fermait les yeux, celui qui saluait, celui qui faisait le V…
Il n’avait qu’une idée en tête avant de se lancer dans la bataille : revenir indemne. Quelques égratignures constituaient son seuil de tolérance. Donner sa vie pour la patrie faisait partie intégrante du métier qu’il a choisi, mais pour autant il voulait éviter cette situation. Dans le combat bien évidemment, il était loin d’être lâche. Mais est-ce que ça valait la peine de donner sa vie pour une bataille ? Il savait combien l’armée avait remporté de batailles, mais il savait aussi qu’elle n’a pas encore remporté de guerres. A supposer qu’il devienne vieux, est-ce qu’il verra la fin de la guerre ? Il était persuadé que non. Tomber en martyr… A quoi bon ? Pour qui ? Pour quoi ? Pour être rapidement supplanté par les martyrs de la prochaine bataille ? Pour faire la fierté de ses parents ? Il ne voulait cesser de les rendre fiers. Par son vécu, pas par son souvenir. Par sa présence, pas par son absence.
Toutefois la mort était encore plus supportable qu’une blessure irréversible. Il s’imagina sur sa chaise roulante. Qui le ferait passer ? Qui l’aiderait ? Où serait l’infrastructure de la reconnaissance? Où serait la solidarité à ce moment-là ? Il dirait « j’ai reçu ma blessure à Nahr El Bared, je peux passer », et il se verrait répondre « J’ai combattu à XXX en 2010 » ou 2011, 12… « Mon mari est mort dans cette bataille » « mon fils est mort à Souk el Gharb en 19XX », « mon père est devenu aveugle dans la bataille… ». Donc reste là où tu es et tais-toi. Non, décidément, les héros étaient trop éphémères au Liban. Ou trop nombreux. Autant donc livrer cette bataille jusqu’au bout, en sortir indemne et revenir au civil avec juste cette satisfaction personnelle d’avoir fait son devoir. L’héroïsme à la Libanaise il s’en passerait volontiers. Ca ne va que dans un sens. Avant la Star Academy, ce sont eux qui ont été les premières victimes du star system jetable. Il s’était donc battu pour lui, et uniquement pour lui. Il avait tué pour lui. Pour s’en sortir. Pour avancer. Pour continuer.
Encore 3 heures à tuer. Comment était la puanteur ? Il ne savait plus, il s’était habitué. Mais si quelqu’un était parachuté là, survivrait-il à l’odeur ? Combien de cadavres l’entouraient ? Pour couvrir le bruit des bombes autour de lui, il se remémora les larmes de sa mère et sa fiancée lorsqu’il leur annonça sa montée au front. La fermeté chevrotante de son père. La joie et la fierté de son petit frère. Celui- là… Déjà avant cette bataille il était le cauchemar des cours de recréations, à présent ça devait être le cataclysme. Il sourit.
Elle frappa à la porte. Deux coups. Pendant qu’elle attendait l’autorisation, elle remarqua qu’elle avait oublié de cirer ses chaussures. Elle fut remontée contre elle-même. « Ca fait une semaine que tu te dis de les cirer... Pas possible ça... ». N’ayant pas eu signe de vie, elle refit ses deux coups, sans en changer l’intensité. Un « Entrez » monotone s’échappa de l’intérieur. Elle ouvrit la lourde porte en bois, et entra en pensant si elle devait essayer un nouveau genre de cirage, plus résistant et moins brillant. Elle n’aimait pas la brillance trop prononcée que lui donnait les marques auxquelles elle s’essayait. Son pied droit glissa légèrement, mais elle se rattrapa. Visiblement, le parquet du bureau avait été ciré ce week-end. Un peu trop luisant à son goût.
« Fais attention. Ce n’est pas le moment de trébucher », lui lança le président avec un sourire narquois dévoilant des dents carnassières. Elle lutta pour chasser sa vision récurrente de sa tête, elle n’aimait pas s’imaginer en train de lui défoncer la mâchoire au marteau, mais c’était plus fort qu’elle. Elle remarqua, une fois ses esprits de nouveau en place, qu’elle visualisait le marteau rouillé cette fois, la manche en bois tellement usée que des échardes lui pénétraient la main, déchiquetant sa chair, disséminant sa chemises blanches d’une rivière rouge. Elle rationalisa sa vision en remarquant qu’elle avait ses règles. Armée de cette pensée, elle arriva aux cotés de la chaise posée en face du bureau du président. Un « Assied-toi » sec comme le gosier d’un ivrogne sans le sou la fit poser ses fesses flottantes dans une jupe noire à rayures blanches sur le siège en skaï. Le président reluqua ses fesses, se commémorant qu’elles étaient d’habitude parfaitement moulées dans cette jupe, mais son effort cognitif n’alla pas plus loin afin d’essayer de trouver une explication. C’est avec une moue doublement déçue qu’il se lança dans sa diatribe.
« J’ai consulté ce matin les rapports de ventes ainsi que le compte-rendu sur la stratégie marketing à prendre et je dois dire que je suis assez déçu. Pour tout t’avouer, je me suis même interrogé sur le pourquoi de ton salaire que je trouve aberrant au vu de ces médiocres résultats que j’ai devant moi. … »
Elle se demandait où était son fils. Etait il vraiment aller à la plage à Jounieh ou a-t’il filé en catimini à Tyr ? Elle se sentait impuissante en cours de journée et de semaine. Le week-end avait été pénible. Rien que le fait de remarquer qu’il ne jouait plus au football ou aux courses de voiture sur sa console de jeu faisait fracasser de hautes vagues de tristesse sur une âme déjà bien en peine.
« …C’est inutile de me parler de la situation, ce n’est nullement une excuse. Nous avons des objectifs à atteindre, et je pensais, apparemment à tort, que tu es la garante de ces résultats. Si j’ai décidé de ces objectifs, ce n’est pas pour faire joli, mais pour garantir la bonne marche de cette entreprise, et, de ce fait, la bonne marche de mes ouvriers qui sont censés toucher leur salaire. … »
A présent il était scotché en continu sur des jeux de guerre ou de combat, de plus en plus violents, à hauts renforts d’infinis torrents d’hémoglobine, de membres déchiquetés, de hurlements de douleur et de rauques râles d’agonie. Et ce foutu médecin qui avait choisi de prendre 2 mois de vacances… Elle allait arriver à court d’antidépresseur, vu le rythme avec lequel elle enfilait les pilules. D’ailleurs elle avait dû se résoudre à un rationnement encore plus drastique, passant en à peine dix jours de trois pilules quotidiennes à deux, puis à une seule pour terminer à une demie depuis samedi soir.
« … Or, si le niveau va continuer à voler aussi bas, je me verrai dans l’obligation de prendre les contraintes, certes douloureuses pour moi, mais nécessaires pour l’entreprise, de réduire les salaires, ou du moins d’imposer un malus. Il faut absolument qu’on dégage des bénéfices supérieurs de 10% à ceux de l’année passée. La croissance à deux chiffres est le mot d’ordre de cette boite, sa raison d’être. Donc ton mot d’ordre et celui de ton équipe, votre raison d’être, c’est de contribuer efficacement, d’être le moteur qui pousse l’entreprise vers ces deux chiffres. … »
Samedi soir, il voulait sortir, aller chez des amis à lui, à Achrafieh. Elle déclina poliment mais fermement la première fois. Devant les assauts répétés de son fils à renforts de « je suis en vacances », « j’ai terminé l’année avec une mention » « j’ai le droit de vivre », elle vit que toute tentative de raisonnement rationnel sur l’état du pays était vaine. Il lui tendit alors la perche en invoquant que son père, lui, l’aurait autorisé. Elle utilisa l’argument choc- mais 100% authentique tout de même- que son père l’avait supplié de ne pas sortir, ni elle ni les enfants. Sur quoi elle ponctua par la date de retour imminente que son mari lui avait annoncée, espérant injecter une dose de patience chez son amour de fils.
« …J’en ai assez qu’on prenne pour excuse la situation du pays pour justifier les mauvais résultats. La situation reflète le marché dans lequel nous sommes positionnés, or la première règle est de s’adapter au marché, d’avoir la flexibilité requise pour réagir dans des délais très courts à tout changement conjoncturel. Et justement, en tant que directrice des ventes ET du marketing, tu dois être la personne la plus réactive de ce groupe, voire la seule qui anticipe !!! … »
Rompu aux techniques de défense, peut être grâce- ou plutôt à cause- de ses jeux vidéos, son fils répliqua du tac au tac qu’il était opprimé, qu’on l’empêchait de s’épanouir, que rien n’allait se passer ce soir. Là elle se résout, à contrecœur, d’utiliser l’argument le plus stupide mais aussi le plus convaincant pour son fils « Comment rien ne va se passer ce soir ? Tu sais très bien que Michel Hayek a annulé son mariage parce qu’il a vu de très mauvaises choses pour ce soir ».
« …Je me souviens que lors de notre réunion sur la stratégie 2007 tu préconisais de revoir nos objectifs à la baisse à cause de la situation, et quelle était ma réponse ? C’est que tu dois remodeler ta stratégie pour atteindre ces objectifs. Je ne vois pas où ça a été fait. J’avais émis l’idée de jouer sur le I Love Life en le détournant comme message marketing, idée que tu as écartée alors que nombres d’entreprises l’ont adoptée. … »
Son coup fit mouche. La moue boudeuse transforma le visage de son enfant, le rajeunissant de 5 ans. Elle serrait de plus en plus fort l’accoudoir du fauteuil pour que ses larmes restent en place, puis utilisa sa deuxième ligne de défense- maudire le médecin et sa descendance. Lorsqu’elle en était à la 32ème génération maudite, son bébé retourna calmement dans sa chambre et les habituels coups de feu commencèrent à retentir, ponctué ça et là de quelques hurlements. Visiblement, la déception lui faisait perdre sa concentration, mais elle était sure, pendant que la rivière de larmes emplissait sa bouche, qu’il retrouverait la précision de son tir rapidement.
« …Je n’ai pas les chiffres mais je suis sûr que ça a fait un impact. Il ne faut pas prendre le consommateur, notre client, pour un grand génie. Ce sont des idiots basiques et il faut les traiter en tant que tel !!! Maintenant il y a l’armée au nord, les explosions, la FINUL au sud… Je ne sais pas bordel, il y a sûrement plein de slogans chocs qu’on peut utiliser en détournant la réalité !!! … »
C’était le pire argument qu’elle pouvait utiliser. Au lieu qu’elle n’essaye de contribuer à la construction et le renforcement de la perception et de l’intelligence de son fils, elle avait dû se réfugier dans le débile absolu, populiste, paranoïaque et régressif. Elle était impatiente que son mari retourne. Elle en avait marre de n’être authentique que quand elle était absolument seule. Elle voulait qu’il la prenne dans ses bras et qu’il ne la lâche plus. Jamais plus. Qu’il voit ses larmes qu’elle ne faisait que cacher, qu’il les embrasse doucement comme il sait si bien le faire.
« …Utilise un peu ton cerveau, fais travailler tes équipes jour et nuit, je veux voir des résultats concrets dès le mois prochain. Ton avenir est en jeu, donc je compte sur toi pour donner ton maximum ! »
Ne connaissant que trop bien son patron, elle répliqua avec autant de brièveté que d’assurance qu’il ne devait pas s’inquiéter, qu’elle était confiante en son équipe, qu’ils feraient en sorte que juillet 2007 soit encore mieux que juillet 2006, c’est sûr, ils vont le faire, ils atteindront l’objectif. Lorsqu’il dodelina de la tête, satisfait et repu de son autorité, elle s’excusa, tourna les talons et imprima un mouvement chaloupé à sa marche, persuadée que ce gros porc devait tanguer aux mouvements de son postérieur. A présent sa vision ne contenait plus de marteau, c’était une massue incrustée de clous qui fracassait progressivement le corps du président, en commençant par les pieds.
Life during Wartime 2
Asgels se leva de son canapé. Il re-remarqua la grosse tache de café qu’il avait renversé. Elle était à présent clairsemée de sauce tomate de son plat de pâtes d’hier. Ou était-ce avant-hier ? Quelle importance de toutes façons. Qu’elles viennent du futur, rien de fondamental ne changerait. Son déjeuner et son dîner sont constants, pâtes à la sauce tomate. Fusilli pour être plus précis, cuits jusqu’à ce qu’ils soient légèrement fondants. Tomates fraîches, coupées en deux dans le sens horizontal, râpées de façon à ne garder que l’épluchure en main. Il avait commencé à empiler les épluchures pour essayer de constituer, sur le moyen terme, une forme architecturale. Qu’il n’avait pas encore conceptualisée. Il comptait sur le pourrissement progressif pour s’inspirer. Chauffer de l’huile d’olive et verser la sauce tomate. Saler. Ajouter des herbes. Origan et cerfeuil, c’est phonétiquement violent. Alterner deux minutes de feu doux et deux minutes de vif, jusqu’à ce que la sauce prenne de la consistance. Quand il sentait son estomac rongé par le reflux, il rajoutait un peu de lait pour atténuer l’acidité de la tomate. Il avait arrêté toutes les montres de sa maison à 11h23. « Je suis né à 11h24 » avait il dit à son chat qui lui répondit par un miaulement avant de se nettoyer l’oreille. Qu'il fasse nuit, qu'il fasse jour, quelle importance. Toute source de lumière externe était soigneusement bloquée.
Il prit l’échelle pour accéder au débarras au dessus de la salle de bain, et redescendit le poing docilement fermé, puis se dirigea, après avoir attrapé sa caméra au passage, dans la deuxième chambre à coucher. Il avait entièrement vidé celle-ci et l’avait repeinte en noir, y compris le sol. Il appela son chat. Blanc. Quand celui-ci fut entré dans la chambre noire, il ferma la porte et desserra son poing. Deux souris- blanches- s’en échappèrent. Il commença à mitrailler son chat à la poursuite des rongeurs. Il espérait vraiment que les souris allaient bien résister aujourd’hui, qu’elles rendraient son chat féroce, qu’il les éclaterait entre ses crocs, qu’il aspergerait le sol de leur sang avant de s’en aller le trophée pendouillant de sa gueule. Sa vision du sang lui rappela le café-sauce tomate du canapé.
Le carnage escompté n’ayant pas eu lieu- il pensa un moment à amener des rats, c’était trop facile les souris- il remonta au débarras et prit quatre souris. Avec de la super glue, il les colla sur la cible d’un jeu de fléchettes. Les souris frétillaient. Lui, pendant ce temps, aiguisait ses fléchettes. Il testait la pointe en l’appliquant légèrement sur son index. Tant qu’elle ne transperçait pas sa chair, il continuait.
Vivement 11h24
Life During Wartime 1
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